Vindelle

Comme dit il y a peu, mes projets me prennent un temps faramineux (comprenez un temps qui faramine, du verbe faraminer qui n'a pas plus de sens que le mot fur dans au fur et à mesure) et qui plus est m'assignent à résidence dans ma retraite Vindelloise des hauteurs des Côteaux du chêne. Là, seul, voire en caleçon, je dessine dans ma sous-pente, le velux ouvert afin que, lorsqu'il pleut, je bousille tout un tas de matériel que j'entrepose précisément en dessous pour être sûr de n'en point perdre une goutte, et j'entends le chant de la campagne.
J'entends les opéras endiablés d'impossibles chorales volatiles, les aboiements fous de chiens qui ne le sont pas moins, les caresses du vent dans les arbres, monsieur Serigné qui gueule sur son âne...
Oui, en fait, j'entends surtout monsieur Serigné. D'ordinaire, il gueule sur son chien en lui collant des coups de masse d'armes, ou, à la nuit tombée, il beugle après l'imperturbable chouette qui réponds à ses injonctions de sa tirade Shakespearienne, au moins : "Hou-hou".
Mais aujourd'hui, monsieur Serigné gueule après son âne.
Non content de hurler comme un catcheur sur une scène hard rock (salut à toi, l'homme masqué), il vient jusqu'à coté de la haie de sapins qui délimite le terrain pour engueuler son âne, qui s'appelle Elégant, ce qui, à mon humble avis, n'a fait que le rendre arrogant.

Entendez-vous dans nos campagnes beugler ces tarés aux neurones ravagés par des siècles de Cognac et de consanguinité? Ben ils font rien qu'à égorger nos ouïes sous nos passe-montagne, comme dirait l'autre...