17 juin 2007

La culture des feignants


Je risque de me faire l'écho de nombre d'écrits qui, par ailleurs, ne doivent pas dater d'hier. Mais peut être certains d'entre vous auront une opinion intéressante à ce sujet, donc j'expose ici ma réflexion.

Internet est un outil formidable.

C'est vrai, le web, outre les défauts multiples que l'on peut lui trouver (insécurité latente, outil de propagande aussi efficace qu'économique, support de communication pour n'importe qui, etc) , est une source de culture, à laquelle il m'arrive bien souvent de m'abreuver, pour faire bien dans les cocktails de la jet set vindelloise, notamment.
On y trouve de tout, des encyclopédies généralistes, des sites plus spécialisés qu'un étui à triangle (oui, essayez d'y mettre autre chose qu'un triangle - un piano à queue par exemple - et vous verrez que c'est vraiment spécialisé, comme truc), des pages surprenantes* sur des sujets incongrus.

Malgré cette apparente diversité, je constate qu'il existe une sorte de conscience globale, une forme de culture commune aux habitués de ce café de la culture qu'est le net. Je m'en suis rendu compte en discutant avec le secrétaire de l'entreprise où je travaille actuellement. Sans nous concerter, sans partager les mêmes centres d'intérêt, ni la même culture, ni les mêmes sites d'ailleurs pour des raisons linguistiques évidentes, nous avions pourtant exactement les mêmes informations, relevé les mêmes choses. Nous passons tous deux finalement peu de temps à "surfer", pour reprendre cette expression qui fleure bon la poussière éxhalée du vocabulaire techno-franchouillard des débuts d'Internet. Autement dit, sur une frange de population significative, passant en moyenne 1h par jour à éplucher Internet, je ne serais pas surpris de trouver une importante redondance dans les informations piochées par chacun.

Qu'en déduire?

Eh bien que la culture, c'est un truc de feignant.

Et j'en veux pour preuve le second secrétaire, qui est réputé ici pour deux raisons : son ancienneté, d'abord, et son incroyable propension à ne rien faire de productif pendant ses heures de travail. En dépit de celà, c'est un incroyable puits de savoir et un fin gourmet webovore. Il connait des tonnes de sites qui m'étaient jusqu'alors inconnus (alors que bon, le net, je commence à connaître un peu, quand même), peut parler un peu de tout, bref, il a tout vu.
Si on lui oppose mes deux collègues graphistes qui n'ont pas le net sur leurs machines (et peut être pas chez eux non plus), l'évidence se fait.
Un exemple simple : les deux secrétaires et moi même connaissons maintenant en détail la "nouvelle" interface de Microsoft, baptisée Surface, interface tactile, par ailleurs assez intéressante, même si foutre un écran à l'horizontale pour faire comme si c'était de l'eau, d'autres (moi y compris) y ont pensé avant. Mes collègues eux voyaient vaguement ce que pouvait être Microsoft (je blague mais pas tant que ça).

En d'autres termes, mes collègues graphistes représentent le degré zéro de la culture (je schématise, gardez vos cailloux, vous me toucherez pas je suis trop loin, t'façons), le premier secrétaire et moi-même, un degré intermédiaire, et le doyen de la boîte est une sorte d'incarnation du savoir.

Et tout ceci est directement proportionnel à nos rendements respectifs. (et là je souris bêtement, me rendant compte que je me grille en temps réel à vous écrire ici pendant mes heures de travail. :) )

Donc voilà. Ca fait des années que je pense que "bosser ou se cultiver, il faut choisir", j'en ai maintenant une preuve formelle.

A vos claviers!

*attention, ça pique les yeux

6 cowabungarrr!:

Anonyme,  lundi, 18 juin, 2007  

La port récente de mon pc (paix à son âme) m'impose en ce moment une restriction soudaine d'accès au réseau des réseaux, mes horaires de boulot étant désespérément remplis de travail...

Eh bien force est de constater que je suis, excuse moi de l'expression, grave à la masse !

Alors comme on dit dans les chats et les forums chébran :
+1

Princesse Quenelle lundi, 18 juin, 2007  

1h par jour ! A l'image de ton pc quand tu reluques Lara, mes oreilles ont grillé O____o

Mochi mardi, 19 juin, 2007  

Hey, faut bien que je sauve les apparences! ^^

M. mercredi, 20 juin, 2007  

Excellents liens, l'apparition d'un chanteur torpille a bout portant par perusse aurait du etre quelque chose que j'aurais pu prevoir. A defaut, ca m'a bien fait marrer. Et moi aussi, ca m'a grille au taff ~_~

Dois-je comprendre de ce post que 1 je devrais etre plus cultive que je ne le suis vu ce que je glande et 2 que la culture c'est finalement pas comme la confiture, puisque cette derniere passe tres mal par un cable ethernet...?

Anonyme,  jeudi, 21 juin, 2007  

Salut les jeunes,

Je n'ai pas vraiment bien compris le sens général et/ou particulier de ce post.
En résumé, travailler ou se cultiver il faut choisir ... cela me rappelle quekque chose. Il faut reconnaitre un avantage majeur à ce message, depuis que je l'ai lu (àhaute voix), le spectre de Montaigne ( honnête homme et maire de Bordeaux il y a déjà longtemps) s'est transformé en ventilateur ... dommage, il ne fait pas chaud.
Derrière cette métaphore, légère et fruitée, se cache un désaccord certain avec les dires de pixoshiru. Mon sentiment, que j'ai la chance de partager, comme le dirait notre maître à tous P Desproges, est que si on est feignant ou fainéant, car les deux se peuvent dire, on est fainéant pour tout, boulot, culture .... et le reste. Les merveilleux dilettantes puits de culture que j'ai connus, étaient tous des bosseurs qui avaient ou ont, ils ne sont pas tous morts, l'élégance de feindre l'indolence.
Quand à la supposée productivité des incultes, elle ne résiste que rarement à l'ignorance, car leur travail relève de l'éxécution pure, leur inculture ne leur permettant pas de placer leur mission dans le contexte, et donc d'optimiser leur travail.
A part ça, toute personne estimant que les lignes ci-dessus ressemblent à un coup de gueule, auront raison.

Mochi jeudi, 21 juin, 2007  

Héhé, je suis plus que ravi de voir les réactions que suscite ce billet.
Alors le père, sache tout d'abord que je suis entièrement d'accord avec toi. J'ai volontairement grossi le trait dans l'unique et inavouable but de faire "in".
En outre, il est effectivement évident que travail sans culture est bien souvent exercice de singe savant. Ce qui rejoint une autre réflexion que j'avais récemment avec un amateur de littérature et jeux de baston, concernant l'actuelle profusion d'illustrateurs sur le marché de l'image, qui cachent la médiocrité de leur imaginaire en plagiant sans génie l'une ou l'autre technique de colorisation à la mode.
En bref, il va de soi que les feignants sont avant tout des feignants.
Cela dit, je maintiens que l'élaboration d'une culture, d'un savoir, d'un esprit même, requiert du temps que tout le monde n'a pas le luxe (ou l'envie) de se payer. Difficile de passer ne serait-ce qu'une heure à s'ensemencer l'âme quand on passe 2h dans les transports, par exemple, avec suffisamment de changements (à Réaumur-Sébastopol) pour ne pas pouvoir reposer sa tête et aborder donc une quelconque lecture ou autre reflexion intense. Attention, je n'ai pas dit impossible, j'ai dit "difficile".

Donc, en conclusion, je suis d'accord, travailler n'est en rien une condition rédhibitoire à l'élaboration d'une culture, mais que certains types d'emplois imposent un planning d'utilisation des cerveaux plus ou moins favorable à cette élaboration.

Après, il y a une question de volonté, c'est certain. C'est tellement plus simple de subir la télé (ou Internet, même, qui ne vaut guère mieux que TF1 par certains cotés, et je m'estime pathologiquement accro - mais je me soigne) que d'ouvrir un livre...

PS : le secrétaire de la boîte a plus de culture que moi, en même temps, il a 58 ans :)

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